La femme, disait Max Ersnt, est un petit pain tartiné de marbre blanc... S'inspirant du roman-illustré La femme 100 têtes de Max Ernst, le compositeur américain George Antheil a composé un cycle de 45 courts préludes pour piano. Séduit à la fois par l'oeuvre musicale et par l'oeuvre plastique, nous avons imaginé une performance où la musique de Georges Antheil dialoguerait directement avec les collages de Max Ernst. Rebondissant sur le principe, cher à Max Ersnt, du collage comme logique irrationnelle, j'ai re-décollé, à l'aide d'outils informatiques, les éléments constitutifs des gravures pour ensuite les mettre en mouvement dans de courtes séquences vidéo. Ce travail revisite le travail accompli par Max Ernst et permet de plonger progressivement le spectateur dans l'univers surréaliste de la femme 100 têtes. A chacune des séquences vidéo, j'ai ensuite associé une des pièces de piano d'Antheil; attentif aux rythmes et aux ambiances, j'ai synchronisé images et musique pour construire de courts récits énigmatiques, des ébauches d'aventures troublantes. Ces pièces de piano sont jouées en direct alors que défilent sur un écran au-dessus du piano les séquences vidéo. Mais musique et vidéo ne sont pas seules au rendez-vous de cette performance. En effet, Max Ernst a rédigé, pour chacune des gravures, un bref texte poétique. Habillée dans une curieuse robe blanche, à plumes et à traîne, une comédienne vient ponctuer les 45 séquences en récitant le chant surréaliste d'amour et de mort de la femme 100 têtes. Cette performance a été créée une première fois au Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds avec la complicité, suite à un "appel d'offre", de 25 pianistes. Puis dans une forme plus intime, avec une seule pianiste, au Centre Dürrenmatt de Neuchâtel.

Sachez que, de mémoire d'homme, la femme 100 têtes n'a jamais eu de rapport avec le fantôme de la repopulation. Elle n'en aura pas : plutôt se faire macérer dans de la rosée et se nourrir de violettes glacées.

la femme 100 têtes - note d'intentions