Avec ce spectacle-lecture, je me suis plongé pour la deuxième fois dans l'oeuvre de Marguerite Duras. Mais cette fois-ci, au lieu de partir d'une oeuvre à part entière, j'ai construit ce spectacle sur un choix de courts textes, tirés de trois ouvrages : Outside, La Vie Matérielle et Outside 2 ou le Monde extérieur. J'ai cherché à imaginer avec ces textes un parcours à la fois cohérent et diversifié. On y découvre une écriture personnelle, qui n'en laisse pas moins place aux pensées multiples. Cette parole à la fois individuelle et plurielle est un terrain propice à une lecture-spectacle à trois voix. Les textes choisis traitent principalement des problèmes liés au langage, à l'écrit, à la littérature, au théâtre, à la télévision et aux inégalités sociales liées à ces moyens de communication. Ces textes, tous provoqués par le dehors, et pensés pour le dehors, se prêtent particulièrement à être dits. Avec ce projet, j'ai eu confirmation que parfois la puissance des acteurs éclate lorsqu'ils se placent au plus près du livre, de son écriture, et, comme le dit Marguerite Duras, qu'ils peuvent alors tenir le théâtre tout entier sous leurs yeux, regarder la salle et en même temps montrer ce qui se passe dans un théâtre lorsqu'on raconte l'histoire...

Je demande : Mais les grands corps des personnages de Racine, défaillants de désir, est-ce que vous les avez vus s'avancer vers vous? Il me dit non. Il me demande : Et vous? Les avez-vous vus? Je dis oui. Et où? Je dis : Dans ma chambre la nuit, tout à coup, au son fabuleux de la lecture, en cadence, ils sortent du noir et traversent le temps.

l'autoroute de la parole -
note d'intentions