La Divine comédie de la Compagnie F. Huggler
Il faut au metteur en scène qui aspire à un spectacle rarissime un concours de circonstances exceptionnel. Le moment est arrivé pour Fabrice Huggler. Lors de cinq représentations qui se sont achevées dimanche au Théâtre ABC et au Temple allemand à La Chaux-de-fonds, tout a été requis pour faire de « Je suis un écho qui se tient devant le miroir » un temps parmi les plus forts de la saison… Le désespoir, les déchirements de l’âme, les attentes anxieuses se bousculent au dessus de la ligne d’horizon. Dans sa tombe, Dante dresse une oreille attentive… Les personnages évoluent chorégraphiquement, tels des cosmonautes en état d’apesanteur. S’écoulent alors de longues minutes d’émotion. On se trouve face à une superposition inaccoutumée de talents… L’univers de cette création invite le spectateur à changer d’espace au cours de la représentation. Du petit théâtre ABC suscitant l’introspection, il est conduit vers le Temple allemand, lieu propice à la transcendance, à la rédemption. Là, au paradis, lové dans les nuages, un chérubin écoute un archange suspendu dans l’espace jouer une musique de Jean-Sébastien Bach. Emerveillement. La fabuleuse scénographie de Cyril Macq, englobant la vidéo de Philippe Maeder, apparaît telle une fresque de Tiepolo. (L’Express – L’Impartial, 20 mai 2008, Denise de Ceuninck)