Quand ça vous est arrivé une fois, de dominer la parole, d’emporter la salle avec vous, ça vous arrive tout le temps ensuite. On prétend se faire un devoir de ne pas décevoir ces gens qui se sont déplacés pour vous entendre. Mais c’est un peu plus que ça, ça déborde un peu sur le meurtre de celui qui vient de vous juger…
En 2003, j’ai créé, avec trois comédiens, un spectacle-lecture sur de courts textes de Marguerite Duras, tirés de : « Outside », « La Vie Matérielle » et « Outside 2 ou le Monde extérieur ». J’ai envie aujourd’hui de faire réentendre certains de ces textes, de les faire résonner dans une autre voix. J’ai ainsi invité le comédien Gérard Guillaumat à se placer à son tour au plus près de ces livres, de cette écriture. Avec son immense expérience de conteur-lecteur, il nous démontrera certainement ce que Duras entendait lorsqu’elle affirmait que les comédiens doivent « tenir le théâtre tout entier sous leurs yeux, regarder la salle et en même temps montrer ce qui se passe dans un théâtre lorsqu’on raconte l’histoire… »
Dans le cadre du week-end de performances « Ex-Corpus » à Ex-Machina, pour renforcer l’aspect performatif et le contact direct avec le public, j’ai disposé un récipient transparent dans lequel se trouvaient les différents textes susceptibles d’être lus. J’invitais les spectateurs à se lever, tour à tour, pour piocher un texte au hasard et le confier à Gérard Guillaumat, le déroulement de ces lectures se faisait donc en direct et de façon totalement aléatoire.